Le blog de Daniel Zaugg

Archives mensuelles : février 2014

Accusé! Veuillez prouver que vous n’avez PAS empoisonné la victime!

Voici une phrase que l’on est pas près d’entendre dans un tribunal suisse.
Parce qu’en droit suisse celui qui invoque un fait doit le prouver.

Cela n’a pourtant pas empêché le Conseil d’Etat de décréter que:

L’usage de la cigarette électronique est interdit dans les bâtiments de l’administration

Le Conseil d’Etat a interdit l’usage de la cigarette électronique dans tous les locaux de l’administration cantonale. Cette mesure vise à protéger le personnel.

A l’instar de la commission de santé et de sécurité au travail au sein de l’administration, le Conseil d’Etat constate que les cigarettes électroniques peuvent contenir des substances illégales ou nocives. En outre, il n’existe aucune preuve de l’innocuité de l’exposition passive à la vapeur qui se dégage lors du « vapotage ».

Pour toute information complémentaire : Mme Nadia Borowski, secrétaire générale adjointe, DF,
022 327 98 11.

Interdire le vapotage au prétexte fallacieux que son innocuité n’est pas prouvée est une approche pour le moins légère.

Grâce à l’émission « À bon entendeur » tout le monde sait que nous avons un chimiste cantonal qui dispose d’un équipement dernier cri pour analyser la toxicité de toutes les substances que l’on veut bien soumettre à sa sagacité.

Dès lors, pourquoi ne pas soumettre à ce laboratoire des échantillons et lui demander de confirmer ou d’infirmer la présence de ces fameuses substances illégales ou nocives ?

Les cigarettes électroniques fonctionnent au propylène-glycol, une substance largement utilisée comme additif alimentaire (E1520). Il est utilisé comme émulsifiant pour les sauces et les assaisonnements. On le retrouve très souvent dans les produits contenant des aromes (yaourt, chocolat, confiture, …).

Au niveau pharmacologique et cosmétique, il est identifié sous le numéro E490 et on le retrouve dans :

  • les soins personnels: bain douche et savons, gels, nettoyants visage, mousses à raser, lotion après-rasage, déodorants anti transpirants,  rouges à lèvres, parfums
  • Les soins de la peau : hydratants main, corps et  visage, produits solaires
  • Les soins des cheveux: shampoings, revitalisants, gels coiffants
  • Les soins bucco-dentaires: bains de bouche, dentifrices
  • Les soins pour bébé: lingettes, antiseptiques ;
  • certains médicaments : pour voir la liste des 131 médicament répertoriés qui en contiennent cliquez ici

Le propylène glycol est également utilisé pour simuler brouillard et fumée (fumigènes) dans les discothèques et dans l’industrie cinématographique.

Il est évidemment impossible d’apporter la preuve absolue qu’une substance est sans danger.

On dispose pourtant de ce qui s’en rapproche le plus: le très sérieux INRS français (Institut national de recherche et de sécurité) a publié une fiche toxicologique qui démontre que ce produit a été testé sous toutes ses coutures et ne présente pas le moindre danger connu pour la santé. Pour voir la fiche toxicologique, cliquez ici

Alors, à quand l’interdiction de la fumée artificielle dans les discothèques au nom du sacro-saint principe de précaution ?

precaution

 

Le peuple veut une traversée de la rade!

Du moins c’est ce que croit l’UDC.

Pour ma part, je crois que le peuple veut une solution aux problèmes de mobilité de Genève. Malheureusement, toutes les étude démontrent que la traversée de la rade ne fait pas partie de cette solution, qu’au contraire elle contribuerait au problème.

« Qu’importe! » répondent les stratèges de l’UDC, « nous contestons les résultats de ces études ». La décision qui est à prendre est une décision purement politique, clament-ils.

Mais justement, la politique n’est-elle pas l’art de prévoir l’avenir et de prendre des décisions en fonction de ces prévisions?

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Voir également l’article sur le site de l’Etat de Genève: Traversée du Lac et traversée de la rade

Le beurre, l’argent du beurre et la crémière?

Entre une traversée de la Rade qui arrive sur la Plage des Eaux-Vives, l’initiative « Sauvons nos Parcs » et la suppression d’une voie sur le quai Gustave Ador prévue par la DGT, où est la vison d’ensemble?

C’est vrai, la traversée de la rade dépend d’une décision popuaire, la plage a été votée par le Grand Conseil, l’initiative « Sauvons nos Parcs » est municipale et le réaménagement du quai Gustave-Ador est une décision de la DGT.

N’empêche que tous ces projets contradictoires se concentrent sur un même axe et sont pour le moins difficiles à concilier!

TRade-arrive-sur-plage-Eaux-Vives

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Gustave-Ador

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Le MCG serait-il la nouvelle annexe de l’UDC?

Un parti comptant 20 députés au parlement genevois à la botte d’un groupe d’à peine 11 députés?

Un parti qui se dit « ni de gauche, ni de droite » inféodé à l’extrême droite?

On pourrait le croire en regard du surprenant retournement de dernière minute sur le soutien au contreprojet à l’IN 152, orchestré par Eric Stauffer à l’insu même des membres de son propre groupe qui n’en ont été avertis que jeudi en arrivant au Grand Conseil.

Surprenant quand on sait que, depuis plusieurs années, le maître absolu du MCG était pourtant un fervent partisan de la grande traversée du lac, l’une des solutions qui auraient pu ressortir de l’étude de ce contreprojet.

Surprenant également en regard des engagements pris envers, notamment, le conseiller d’état Luc Barthassat par le gourou du MCG.

Surprenant enfin, alors que le caucus du MCG avait décidé de ce même soutien le mardi précédant le vote.

Mais alors, pourquoi cette pirouette? De l’aveu même du Lider Maximo: « parce que le MCG a des intérêts stratégiques supérieurs avec l’UDC et que la décision a été prise au plus haut niveau entre les instances dirigeantes des deux partis », entendez à Berne…

021514_0058_LeMCGserait1.jpgC’est vrai que dans la capitale, le rapport de force est inversé avec l’UDC qui représente le plus grand parti du parlement fédéral alors que l’unique député MCG, au demeurant président de son parti, siège seul sur un strapontin, totalement à l’écart, caché derrière le Conseil Fédéral.

Serai-ce donc pour défendre l’intégration de leur conseiller national au groupe UDC, pour lui permettre d’exister un tout petit peu, que le MCG s’est plié aux ukazes de l’extrême droite populiste?

Alors, le MCG, qui avait été créé sous le sigle MBG (Mouvement Blochérien Genevois) avant de se rabattre sur son appellation actuelle suite au refus du tribun zurichois de se voir associé à eux, se préparerait-il à une « adhésion par la bande » à l’UDC?

Ce qui est sûr, c’est qu’entre Céline et Eric, celle qui porte la culotte n’est pas celui que l’on croit…

Pour économiser, parfois, il faut voir grand!

(Texte paru en page 2 de la TdG de ce jour dans la rubrique Face à Face)

L’initiative pour une traversée de la rade (IN 152) est chiffrée, selon les plus récentes estimations à 1.17 milliards.

La grande traversée, elle, coûtera 3.5 milliards, selon les estimations conjointes de l’Etat de Genève et de l’Office fédéral des routes. Ce chiffrage a également été confirmé dans la récente étude menée par les milieux économiques, la chambre de commerce et les institutions financières. Cette étude concluait à la faisabilité d’un partenariat public-privé (PPP) pour une réalisation de la grande traversée du lac avant 2030. Elle confirmait également le vif intérêt des milieux financiers et des investisseurs institutionnels pour un tel partenariat.

Donc les 3.5 milliards sont parfaitement finançables par une combinaison de PPP et de financement fédéral partiel voire total mais différé dans le temps. Le cas échéant, une raisonnable participation cantonale reste envisageable si l’on fixe un horizon de réalisation plus pragmatique que 2020.

Face a face TdG Traversée lacustre

Pour agrandir l’illustration signée Hermann parue dans la TdG de ce jour, cliquez dessus!

De l’autre côté il y le petite traversée de la rade selon l’initiative UDC, c’est à dire 1.17 milliards à trouver et dépenser avant 2020! Pour le financement, il y a…nous! Toute manne fédérale est à exclure pour un projet strictement cantonal. Un partenariat public privé? Rien n’est moins sûr : l’envergure du projet n’est tout simplement pas de nature à intéresser les investisseurs de la même manière que la grande traversée.

Donc c’est au contribuable genevois d’assumer l’entier de cet investissement pharaonique! Et ce, dans un canton où la dette par habitant est plus élevée que celle de la ville de Detroit qui a fait faillite!

Heureusement le mécanisme de frein à l’endettement voté en 2006 empêchera toute velléité de surendettement inconsidéré.

Malheureusement pour l’IN 152, la seule source de financement restante est donc une hausse d’impôts ou une économie de prestations sociales de l’Etat de 1.17 milliards jusqu’en 2020. Bonne chance avec cela!

Quant aux bénéfices fonctionnels des deux projets, la comparaison est évidente :

Le tunnel sous la rade de l’UDC décharge le U lacustre entre l’avenue de France et le Port Noir. Hormis cela, il n’a que peu d’influence sur d’autres axes, il ne décharge que marginalement l’autoroute de contournement et crée des bouchons à toutes ses issues, qui sont situées sur des axes déjà largement saturés, comme l’avenue de France et la route de Malagnou.

La traversée du lac, en revanche, boucle le contournement de Genève, décharge l’autoroute existante de manière significative, ainsi que le U lacustre. En dotant Genève d’un vrai périphérique elle permet par ailleurs de décharger globalement les routes incluses dans son périmètre car les automobilistes disposeront d’une autre option que de traverser le centre.

Pour économiser, parfois, il faut voir grand!

Pour une vision d’ensemble de la problématique, n’hésitez pas à lire l’excellente analyse d’Olivier Francey dans le journal « Le Temps » (cliquez sur l’article pour l’agrandir)

Article-Le-Temps-Traversee-lacustre

Pour lire l’article, cliquez dessus!

 

Et si nous touchions aux limites de la démocratie directe ?

Le peuple a toujours raison, dit-on en Suisse.

Comment ne pas être d’accord avec le fait que, si une majorité décide quelque chose, cette chose sera forcément favorable au plus grand nombre ?

Pour ma part je souscris totalement à cette idée, avec un petit bémol toutefois :

Ce n’est vrai que si le peuple est bien informé sur toutes les conséquences de ses décisions.
Ce n’est vrai que s’il décide en connaissance de cause.

Or, quelle est la réalité ? Dans la société actuelle, les citoyens sont submergés d’informations de toute sorte, de sollicitations publicitaires pour des élections et des votes sur une pléthore de sujets plus complexes les uns que les autres.

Ils délèguent donc aux politiciens la tâche d’approfondir ces questions, d’analyser les conséquences positives ou néfastes de telle ou telle idée.

Ensuite ils attendent de leurs élus que le résultat de ces travaux leur soit présenté d’une manière simple, digeste et surtout, compréhensible par des gens qui n’ont pas l’intention de passer des heures à potasser des sujets arides.

Pourtant, certaines décisions qui sont soumises aux citoyens ont des implications complexes car elles s’inscrivent dans un monde toujours plus interconnecté, toujours plus interdépendant. Comment, alors, trancher sans consacrer une énergie considérable à s’informer ?

Comment se faire une idée sur la justesse de telle ou telle proposition si on n’en maîtrise pas tous les tenants et aboutissants ?

La tentation est forte de ne se baser que sur quelques slogans, sur quelques idées fortes et facilement compréhensibles en négligeant les conséquences plus subtiles.

Cette tentation, beaucoup de politiciens l’ont bien comprise, surtout dans les formations dites « populistes ».

  • Touche pas à mon logement !
  • Sauvons nos parcs !
  • Non aux cowboys du câble !
  • Stop aux hausses des tarifs des transports publics Genevois !
  • Non à l’immigration massive !

Autant de slogans réducteurs qui ont emporté un vote populaire alors que les objets qui se cachent derrière ces formules lapidaires ont souvent des implications néfastes que les initiants se gardent bien de développer.

Je connais par exemple une dame qui a voté pour Luc Barthassat aux dernières élections parce qu’elle a entendu dire qu’il aimait les chats ! Je ne remets nullement en cause la qualité de Luc Barthassat en tant qu’élu, mais vous conviendrez que l’argument est un peu court pour élire l’une des personnes qui présidera aux destinées de notre Canton pour les 5 prochaines années !

Cette dame est-elle donc stupide ? Pas du tout ! Il s’agit en fait d’une personne intelligente et capable que je respecte énormément mais qui s’intéresse très peu à la politique. Elle est tout à fait représentative d’une grande partie de la population Suisse.

Cette communication à l’emporte-pièce, réductrice et sur-simplificatrice, les politiques en portent évidemment une large part de responsabilité. D’un autre côté, c’est également notre système qui veut ça.

Peut-on réellement reprocher à un politicien de prendre des raccourcis, de dire aux gens ce qu’ils veulent entendre, quand il sait parfaitement qu’il n’aura que quelques lignes dans un journal ou quelques minutes dans les médias pour convaincre ?

Cependant le résultat est là, sur la récente initiative UDC, qui prétérite durablement notre prospérité, le clivage est clair :
Tous les cantons les plus développés économiquement, tous les cantons contributeurs à la péréquation intercantonale (le système de redistribution des richesses entre les cantons « riches » et les cantons « pauvres ») ont voté non.

A l’inverse, les cantons bénéficiaire de cette péréquation ont dit oui. Se sont-ils rendu compte qu’en ce faisant ils détruisaient l’une des sources de la prospérité Suisse ? Qu’en quelque sorte, ils mordaient la main qui les nourrit ? Je ne pense pas.

Alors oui. Les politiques sont responsables de cette dérive. Mais les politiques sont mis en place par le peuple.

Et le peuple a toujours raison…

 

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