grand conseil
Le verre d´eau qui fait déborder le parlement
Un Stauffer vociférant, gesticulant, postillonnant, au bord de l’apoplexie qui tente par tous les moyens de faire durer le débat, de faire durer le show, a demandé successivement le renvoi d’un projet de loi aux finances, à la fiscale, aux travaux et à l’aménagement.
Avait-il un quelconque espoir d’y parvenir ? Non, bien sûr ! Il savait bien, au vu des votes précédents, que ses propositions ne seraient pas acceptées.
Mais il connait aussi parfaitement la loi qui permet aux rapporteurs de s’exprimer pendant 3 minutes sur chaque demande de renvoi en commission et qui lui permet ainsi de marteler ses positions, encore et encore, ad nauseam.
Il a également une parfaite conscience que cette prise d’otage, légale j’en conviens, ne peut qu’énerver ceux qui lui ont, à 5 reprises, signifié démocratiquement et à une écrasante majorité qu’ils ne soutenaient pas sa position. Alors, quand on lui reproche des faits de son passé, il passe à la vitesse supérieure, agressant physiquement un élu qui, comme lui, a pourtant le droit de s’exprimer.
J’ai toujours dit, paraphrasant le grand Asimov, que « La violence est le dernier refuge de l’incompétence ».
C’est quand quelqu’un est débordé, a court d’arguments qu’il a recours à cette dernière extrémité.
Mais aujourd’hui je révise mon jugement : cette violence-là était calculée pour obtenir un résultat, pour faire parler de son auteur, pour lui offrir encore une extension de la tribune médiatique dont il raffole.
Et dans quel but ?
N’importe quel militant MCG vous le dira :
« Vous allez voir le nombre de sièges qu’on va rafler en 2013 ! ».
Alors bravo ! Bravo à cet homme qui érige la violence en stratégie de communication, à cet homme qui sait que plus Genève ira mal, plus il engrangera les voix des mécontents. Il met en scène les plus bas instincts humains, sachant très bien que chacun d’entre nous a rêvé, un jour ou l’autre, de faire taire son adversaire par la simple force.
Le fait que son agression soit lâche, peu risquée contre un homme de 60 ans, lui importe peu et elle importe peu à ses admirateurs qui ne retiendront qu’une chose : il a osé faire ce dont ils ne peuvent que rêver.
Voilà qui est Eric Stauffer : un stratège, un show man, un homme qui sait comment obtenir ce qu’il veut, un homme pour qui la fin justifie les moyens.
Les questions que j’aimerais poser à ceux qui l’admirent c’est :
Voulez-vous réellement porter un tel homme au pouvoir ?
Etes-vous sûrs qu’il se préoccupe de vous ?
Score: 2-98, avantage buvette !
9 interviews téléphoniques, 6 articles dans divers journaux romands au cours de la semaine écoulée, de mémoire de député, je n’ai jamais été autant sollicité par la presse sur un seul et même sujet…
Mais qu’ai-je donc fait de si extraordinaire ?
Aurais-je joué un rôle clé dans la chute de Hosni Moubarak ? Ai-je, à moi tout seul, fait passer une loi qui va changer durablement le quotidien des genevois ?
Que nenni ! En revanche, j’ai eu le malheur de m’interposer entre les députés Stauffer et Broggini lors d’une altercation à la buvette du Grand-Conseil, ce qui a fait de moi le témoin privilégié de ce non-événement.
Injures, verres de bière à la figure, crachats, un comportement qui ne glorifie ni les élus ni l’institution, c’est certain.
Mais qu’est-ce que cela démontre ?
Rien d’autre que le fait qu’au sein d’un échantillon de 100 personnes, représentatif de la population, 2% des individus sont capables d’avoir un comportement indigne et violent.
Sommes-nous donc tombés si bas que 2 personnes qui s’empoignent arrivent à éclipser, du moins médiatiquement, le travail sérieux des 98 autres ?
Voter ? Oui mais pour qui ? Je ne les connais pas moi…
Cette phrase là, quel candidat ne l´a pas entendue au moins une fois au cours de la campagne ? J´avoue qu´avant d´être candidat, je l´ai moi-même prononcée.
Maintenant, évidemment, tout a changé: je suis député, candidat à ma propre réélection, je les connais (presque) tous et j´ai une réponse toute faite, quoique peut-être un peu biaisée, à cette question.
Mais pour le citoyen normal, qui ne voit de la politique que ce que les médias veulent bien en montrer et qui préfère se regarder un bon policier à la télé au lieu de suivre avec assiduité nos passionnants débats sur Léman bleu ? Pour celui-là, les élections sont un véritable casse-tête. L´habituel taux de participation d´environ 40% le démontre.
Bien sûr, quelques célébrités sortent du lot, en bien ou en mal d´ailleurs. Chacun, au détour d´un article de journal ou d´une interview aura vu ou entendu Olivier Jornot s´exprimer sur la justice et la sécurité, Elisabeth Chatelain ou Gabriel Barillier nous chanter les mérites du CEVA ou encore l´incontournable Eric Stauffer expliquant pourquoi il doit se rendre armé en commission.
Mais en dehors de ceux-ci et de quelques autres tout aussi visibles, quels choix reste-t-il à notre amateur de séries policières ?
S´il se reconnaît dans les idées d´un parti, il peut voter compact et c´est là un choix hautement respectable que font beaucoup de citoyens.
Cependant, si l´on veut voter malin, composer un parlement idéal dont les orientations correspondent le mieux à nos idées il existe un outil passionnant qui mérite que l´on s´y arrête: smartvote. En s´inscrivant sur ce site gratuit (http://www.smartvote.ch) on se retrouve confronté à un questionnaire abordant les principaux enjeux politiques du moment. Si l´on prend la peine de le remplir on dispose alors d´un profil politique sous forme graphique qui résume nos orientations.
Mais l´outil ne s´arrête pas là : il propose ensuite à l´utilisateur la liste des candidats et des partis les plus proches de ses idées, donc logiquement, ceux qui sont le plus susceptible de prendre les décisions qui iront dans son sens. Il permet également des analyses poussées, pour ceux qui le désirent.
Bien entendu smartvote a ses limites, il ne prend par exemple pas en compte la force de conviction des candidats, leur capacité à faire passer leurs idées ou au encore leur habileté à trouver des consensus.
Il néglige aussi totalement le fait que certains partis ont donné des recommandations de (smart)vote à leur candidats ce qu´il est aisé de constater lorsque l´on clique sur l´onglet « analyse » qui positionne les candidats sur deux grands axes et que l´on voit des dizaines de points s´entasser les uns sur les autres. Aux électeurs de savoir s´ils veulent voter pour ces candidats « alignés couverts ».
Enfin, d´autres partis, la liste des Aînés et le MCG pour ne pas les nommer, ont carrément refusé de se prêter au jeu. Mais ce fait est révélateur en soi : ces partis extrêmes qui se disent ni de gauche ni de droite craignent de dévoiler leurs vraies orientations, qui, soit dit en passant, ne sont un secret pour personne.
C´est pourquoi ce site ne doit rester qu´une aide à la décision, mais c´est à mon avis un outil qui mérite d´être utilisé. Pour ma part je souscris à cette démarche citoyenne et vous invite à remplir votre smartvote.
Voici le mien :