politique
Stauffer : pile ou fesse ?
Vous en avez marre des élus qui se battent dans les bars ?
Votez Eric Stauffer, un candidat sérieux !
Lui il n´use de violence qu´à la buvette du parlement, ou alors en plénière du Grand Conseil !
(voir «Score: 2-98, avantage buvette ! » et « Le verre d´eau qui fait déborder le parlement »)
Au-delà du gag de cette photo de mauvais goût, que l´on peut imputer au sens de l´humour du candidat, il y a une réalité plus gênante :
La campagne de M. Stauffer est basée sur un mensonge éhonté!
En effet, cette campagne, entièrement basée sur la sécurité (voir article dans Le Temps), part du principe que M. Stauffer pourrait reprendre ce département de la sécurité en cas d´élection. Or il n´en est rien !
Isabel Rochat, conseillère d´état en charge du département sécurité police et environnement n´a pas l´intention de le quitter et la loi ne prévoit aucune procédure qui permettrait de la forcer à le faire. Par ailleurs on voit mal le Conseil d´Etat chambouler toute son organisation juste parce qu´il y a un nouvel élu !
Non, le département qui est en jeu, c´est celui des constructions ou éventuellement le département solidarité et emploi si le Conseil d´Etat décidait de laisser M. Longchamp garder le DCTI.
Quelles sont les propositions de M. Stauffer pour résoudre la crise du logement ?
La construction de « containers-cellules » à l´aéroport ?
Comment propose-t-il de résoudre le problème des communes qui refusent le plan directeur cantonal ?
Par la « tolérance zéro » ?
Electeurs, si vous devez voter Stauffer, faites-le, mais faites-le pour les bonnes raisons.
Ne votez pas Stauffer parce qu´il vous promet monts et merveilles dans le domaine de la sécurité, un domaine où il n´a pas l´ombre d´une chance de pouvoir les tenir…
Ne jouez pas les constructions et le logement ou l´emploi et la solidarité à pile ou face !
Rien qu’une dangereuse utopie
Dans un monde purement darwinien, les forts survivent, les faibles s’adaptent ou meurent. Dans nos sociétés occidentales, nous avons heureusement dépassé ce modèle pour adopter une approche plus humaine: les plus pauvres et les malchanceux sont protégés par un filet social qui assure leur survie jusqu’à ce qu’ils puissent retrouver une activité utile à la société. Mais, fondamentalement, nos rapports sociaux restent basés sur un principe de réciprocité: «Je te paie ou te donne un avantage en échange de ton travail.»
L’initiative pour un revenu de 2500 fr. va plus loin, les initiants le disent eux-mêmes: ils veulent «casser le dogme qui fait rimer revenu et travail»! Ils veulent que l’on puisse avoir le choix de travailler ou non. Ils tempèrent l’énormité de cette affirmation en soulignant que la majorité de la population ne changera pas son comportement et qu’il n’y aura pas d’influence directe sur l’économie puisque les entreprises pourront déduire ce revenu de base du salaire de leurs employés.
Cette vision du monde est d’une incroyable naïveté et elle participe d’une méconnaissance fondamentale de la nature humaine.
Bien entendu qu’un cadre moyen qui gagne 8000 fr. à 9000 fr. par mois ne risque pas de s’arrêter de travailler pour n’en gagner que 2500! Cependant, si ce cadre a une femme au foyer et deux enfants mineurs (qui toucheraient chacun 1250 fr. par mois), le revenu de la famille augmentera de 5000 fr. par mois. Ne sera-t-il pas tenté de diminuer son engagement, de mieux profiter de la vie en travaillant à temps partiel? Qu’en est-il de la femme mariée qui travaille à 50% pour 3200 fr. par mois pour arrondir le revenu du ménage? Ne risque-t-elle pas de renoncer à son travail si la différence de revenu que lui rapportent 80 heures par mois n’est que de 700 fr., soit 8 fr. 75 l’heure?
Quid des jeunes adultes qui entrent dans la vie active? Avec 2500 fr. en poche, ils pourront vivre bien plus longtemps aux crochets de papa-maman, c’est sûr! Comment l’économie compensera-t-elle ces pertes de productivité?
Pour ce qui est du financement, les initiants, sans présenter de calculs fiables, annoncent que la suppression de l’AVS et d’autres institutions sociales pourrait financer jusqu’au 2/3 des 2 milliards par an que coûterait la mesure. Même si leur calcul était exact, cela laisserait 700 millions par année à financer par les impôts!
Or que se passe-t-il quand on augmente les impôts des entreprises en s’attaquant parallèlement à leur productivité? Elles augmentent les prix pour continuer à fonctionner, d’où inflation et diminution du pouvoir d’achat!
Alors, à quand l’initiative pour augmenter le revenu de base à 3500 fr.?
Fr. 2500.- de revenu garanti à vie ! Encore un truc de la loterie romande ?
Pas du tout ! Il s´agit d´une initiative.
Une initiative qui comporte même une touche libérale, et un peu MCG aussi…
Imaginez…chaque résident touche 2’500.- par mois, qu´il travaille ou non.
- Le salaire de chacun est diminué d’autant, donc pour ceux qui travaillent, l´opération est nulle.
- Les entreprises deviennent plus compétitives : leurs impôts augmentent pour financer la mesure mais pas de 2’500.- par travailleur, puisqu´il y a moins de nécessiteux que de gens qui parviennent à gagner leur vie. Elles économisent donc des frais.
- Le chômage, l´AVS, l´hospice général n´ont plus lieu d´être, la bureaucratie sociale disparaît puisque les besoins minimaux sont assurés pour chacun.
- Notre pays devient moins attractif pour les frontaliers car on diminue également leur salaire de Fr. 2’500.- : on ne va tout de même pas les payer mieux que nos résidents !
Résumons: Amélioration de la compétitivité des entreprises, simplification des procédures d´aide sociale, diminution de la bureaucratie, anti-frontaliers.
Ces arguments devraient séduire la droite, depuis son centre jusqu´aux extrêmes !
Et pourtant…
Et pourtant je n´y crois pas.
D´abord il y a mon coté cynique : le système ne fonctionne que si chacun continue comme avant, si les gens qui travaillent continuent à travailler.
Et là j´ai un petit doute : les suisses sont un peuple responsable et raisonnable, mais qu´on ne vienne pas me dire que certaines personnes ne seront pas tentées par l´oisiveté : quid de l´épouse qui travaille à mi-temps pour arrondir ses fins de mois ? Si elle gagne aux alentours de Fr. 2’500.-, continuera-t-elle à travailler pour une misère ? Et celle qui gagne moins ? Ira-t-elle travailler gratuitement ?
En outre j´ai un problème éthique : Le travail est le fondement de notre société, à la base chacun est responsable de subvenir à ses besoins.
Est-il réellement désirable de créer une classe d´assistés, de gens qui estiment que leur subsistance aux dépens d´autrui est un DROIT ?
Je pourrais encore parler des jeunes qui entrent dans la vie active, des nombreux fonctionnaires de l’aide sociale qui se retrouveront sans emploi…
Non, en fait cette initiative n´est pas libérale, elle n´est même pas vraiment de gauche et la seule question qui me vient réellement à l´esprit est celle-ci :
Les auteurs sont ils stupides ou simplement d´une sidérante naïveté ?
Mobilité douce, qui a vraiment gagné ?
La carte des résultats le montre : géopolitiquement il s’agit d’une victoire du centre sur la périphérie, ce que laissait d’ailleurs présager le titre de la bien nommée « Initiative des villes »
Au regard de cette carte, l’analyse est simple : dans un périmètre d’environ 4 km autour de l’hypercentre, l’argument de la sécurité des cyclistes a été décisif pour une population bien desservie par les transports publics, voire elle-même adepte de la mobilité douce.
Dans la périphérie, où la population est soumise quotidiennement à la nécessité de rejoindre le centre pour se rendre à son travail, la crainte de restrictions supplémentaires à la circulation a massivement prévalu.
La moitié des citoyens (à 3‰ près) qui a répondu non aujourd’hui est-elle pour autant opposée à la mobilité douce ?
Je ne le pense pas.
Elle a cependant exprimé une crainte très claire face à un texte mal ficelé qui, s’il est appliqué à la lettre entraînera l’ouverture dans un délai très court de nombreux chantiers qui risquent fort de dégrader une situation déjà intenable aujourd’hui, que ce soit pour le transport professionnel ou pour les déplacements individuels.
S’il est vrai qu’il est important d’offrir aux cyclistes des conditions de sécurité optimales, n’oublions pas pour autant que cette forme de mobilité ne représente que 5% de la mobilité globale du canton.
Il serait irresponsable de bloquer complètement Genève pour s’en tenir à la lettre de la loi.
Il en va de l’attractivité et de la prospérité de notre région !
Score: 2-98, avantage buvette !
9 interviews téléphoniques, 6 articles dans divers journaux romands au cours de la semaine écoulée, de mémoire de député, je n’ai jamais été autant sollicité par la presse sur un seul et même sujet…
Mais qu’ai-je donc fait de si extraordinaire ?
Aurais-je joué un rôle clé dans la chute de Hosni Moubarak ? Ai-je, à moi tout seul, fait passer une loi qui va changer durablement le quotidien des genevois ?
Que nenni ! En revanche, j’ai eu le malheur de m’interposer entre les députés Stauffer et Broggini lors d’une altercation à la buvette du Grand-Conseil, ce qui a fait de moi le témoin privilégié de ce non-événement.
Injures, verres de bière à la figure, crachats, un comportement qui ne glorifie ni les élus ni l’institution, c’est certain.
Mais qu’est-ce que cela démontre ?
Rien d’autre que le fait qu’au sein d’un échantillon de 100 personnes, représentatif de la population, 2% des individus sont capables d’avoir un comportement indigne et violent.
Sommes-nous donc tombés si bas que 2 personnes qui s’empoignent arrivent à éclipser, du moins médiatiquement, le travail sérieux des 98 autres ?