Le blog de Daniel Zaugg

Economie – Finances

RBI, et si on en parlait ?

Selon les initiants, le Revenu de Base Inconditionnel coûtera 200 milliards.
Par an.

Les adversaires avancent évidemment des coûts plus importants. Qu’importe, de toute façon la somme est gigantesque

Sur leur site, les initiants proposent un certain nombre de « solutions » pour financer le RBI:Pluie de billets de banque transparent

Dans chacun des articles ci-dessus, directement tirés de leur site officiel, les initiants développent une argumentation très complète qui se ramène à une seule idée fondatrice :

Augmenter les taxes ou les impôts

A ce stade un raisonnement mathématique élémentaire s’impose :

Question : Combien faut-il prendre à chaque Suisse pour donner 2’500.- francs à chaque Suisse ?

Réponse : 2’500.- francs !

Quand on leur dit que l’opération est donc nulle, les initiants répondent qu’ils veulent également taxer les entreprises.

Mais quand on taxe une entreprise, celle-ci n’a que deux méthodes pour compenser le manque à gagner : augmenter ses prix ou diminuer le salaire (ou le nombre) de ses collaborateurs. On en revient donc à un point fondamental : quelle que soit la méthode choisie, ce sont les personnes physiques qui supporteront la charge de cette taxe.

C’est là que les initiants sortent du bois pour expliquer ce qui se cache réellement derrière leur idée : Tout le monde ne paye pas les mêmes impôts et taxes, ce sont les riches qui financeront le RBI des pauvres.

Le dialogue fictif suivant, tiré de leur site officiel, ne laisse aucune place au doute :

« 200 milliards? Alors que le PIB de la Suisse est d’environ 650 milliards? Ça représente presque le tiers du PIB. Mais c’est de la folie furieuse!

On se calme! Il ne s’agit pas de trouver 200 milliards supplémentaires, mais bien de réformer la clé de répartition de ce PIB. Pour faire simple, il s’agit d’appliquer le principe dit de «Robin Hood»: prendre aux riches pour donner aux pauvres

Au fond, cette idée s’apparente au salaire minimal, déjà refusé par la population Suisse à plus de 76 %. La seule différence c’est que pour toucher le salaire minimum, il fallait au moins travailler !

A bon entendeur !

 

Impôt sur les successions…une affaire de jalousie ?

En effet, pourquoi un jeune godelureau qui n’a jamais rien fait de sa vie aurait-il le droit d’hériter de, par exemple, 10 millions, juste parce qu’il est né rue des Granges coté soleil et que papa, ou grand-papa, a bien réussi en affaires ?

SANYO DIGITAL CAMERAEn quoi le fait d’en reverser 20%, soit 2 malheureux millions à l’état serait-il injuste ?
Il lui en restera encore 8 et c’est toujours plus que ce que peuvent espérer les honnêtes gens qui passent leur vie à trimer pour une misère.

C’est vrai que, présenté comme ça, on ressent un sentiment d’injustice bien compréhensible.

Mais la réalité est toute autre.

Les successions sont rarement en liquide ou en titres et il n’est pas si facile d’en retrancher 20%.

Laissez-moi illustrer mon propos par un cas que je connais bien, le mien.

Mon papa a bien réussi en affaires et, si je ne suis pas né rue des Granges, je n’en suis pas moins héritier de l’entreprise familiale dont la valeur est bien supérieure aux 2 millions qui représentent la limite au-delà de laquelle les successions seraient taxées.

Cette entreprise d’installations électriques, Rhône-Electra SA, qui occupe une soixantaine de personnes, je l’ai vue grandir, j’y travaille depuis plus de vingt ans, et j’en ai pris la direction il y a quelques années. Mon père, unique actionnaire qui approche des 80 ans, aspire à une retraite bien méritée, et aimerait assurer la continuité de son œuvre en me transmettant l’entreprise.

L’entreprise est saine, elle n’a pas de dettes, mais les temps sont difficiles et, depuis de nombreuses années, nous souquons ferme pour maintenir le bateau à flot. Les bénéfices, quand il y en a, sont loin d’être considérables et d’habitude, nous les réinvestissons dans l’entreprise pour qu’elle puisse se maintenir à la pointe des nouvelles technologies.

Aujourd’hui, le franc fort combiné au spectre d’une récession possible, rendent les investisseurs prudents et les projets de construction se font rares. Ces facteurs engendrent une concurrence féroce qui tire les prix vers le bas. Parallèlement, la surrèglementation du marché nous impose des procédures toujours plus contraignantes et le fameux adage « faire plus avec moins » est pour nous une réalité quotidienne.

Même si elle ne dégage pas d’importants bénéfices, mon entreprise remplit cependant son rôle social : elle paye ses impôts, elle fournit du travail à ses employés et elle assure leur prospérité grâce aux salaires qu’elle leur paye.

Ce qui est sûr en revanche, c’est que je n’ai pas le début de l’ombre d’une idée sur la façon dont je pourrais réunir, en liquide, un cinquième de la valeur vénale de l’entreprise pour la donner au fisc.

Bien sûr, l’entreprise pourrait s’endetter, mais vu la conjoncture actuelle, ce serait mettre en danger sa stabilité et je suis loin d’être convaincu que je trouverai facilement un partenaire bancaire qui soit prêt à en prendre le risque.

A tout le moins, une telle démarche me forcerait à restructurer sauvagement l’entreprise, ce qui laisserait forcément des gens sur le carreau.

L’autre solution consiste à vendre.

Mais les groupes étrangers qui, il y a quelques années encore, nous courtisaient régulièrement pour racheter l’entreprise et l’utiliser comme tremplin pour leur implantation en Suisse, ne nous approchent plus, un autre effet du franc fort. Et pour ce qui est de trouver un repreneur suisse, c’est évidemment possible, mais il n’y a aucune garantie.

Le tissu économique Suisse est composé à 85 % de PME comme la mienne et elles seront les premières victimes de cet impôt. La plupart n’ont pas les moyens d’assumer cette taxe et risquent de faire faillite, entraînant une augmentation drastique du chômage.

L’injustice sociale est une réalité indéniable, certains d’entre nous ont la chance d’être «bien nés» et d’autres non, mais cet impôt, en voulant corriger cette injustice, aura des effets désastreux sur l’économie et l’emploi dans toute la Suisse.

Alors j’en appelle à votre raison:

Ne laissez pas quelques envieux détruire nos PME!
Non à un impôt dévastateur pour les familles et l’économie.

L’économie genevoise est-elle bien défendue à Berne?

Pour les conseillers aux Etats, la réponse est un « NON » sec et sonnant!

Le dernier classement de l’Union Suisse des Arts et Métiers est sans appel:

Sur une statistique classant les votes des Conseillers aux Etats sur les objets liés aux PME et à l’artisanat les deux élus genevois font un tir groupé, ils sont bon derniers!

Conseiller aux Etats soutien aux PME

Cliquez l’image pour l’agrandir

Effarant quand on se rappelle que l’on est élu au conseil aux Etats pour défendre l’ensemble des intérêts de son Canton et non pour faire la politique de son parti.

Sachant que l’économie genevoise repose essentiellement, comme partout ailleurs en Suisse, sur les PME, il est très inquiétant de faire le constat que, pour ce qui est de nos élus fédéraux aux Etats, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Un fait à mettre dans la balance lors des prochaines élections.

A bon entendeur…

CEVA ou CEVA plus ?

Les PME locales exclues de facto des appels d’offre pour le second œuvre !

Le CEVA, « chantier du siècle », échappera-t-il totalement aux entreprises locales ?

Pour ce qui est du gros-œuvre, les dés sont jetés, l’adjudication s’est faite à de grands groupes français.

Pour les appels d’offres du second œuvre (cloisons, peinture, étanchéité, charpente métallique, façades, électricité, peinture, etc…) les CFF ont procédé à des regroupements de lots pour le moins discutables :

  • Les cloisons en plots de ciment se retrouvent avec les peintures, murs et plafonds, les traitements de surface et l’étanchéité. On demande également la preuve au soumissionnaire qu’il est à même de produire et poser annuellement 20’000 tonnes d’asphalte (!)
  • La charpente métallique quant à elle, est regroupée avec la façade, la signalétique et les éléments vitrés
  • Les lots de plusieurs gares sont regroupés

Les PME locales sont généralement spécialisées dans un ou deux métiers. En procédant à de tels regroupement, les CFF s’assurent que seuls de très grands groupes ou des consortiums internationaux peuvent répondre à leurs mises en soumission. Ils excluent de facto les entreprises locales qui ne disposent tout simplement pas des capacités de production et de la diversité de compétences requises pour répondre à de tels appels d’offres.

Cette façon de procéder n’est pas une nécessité, elle n’est même pas habituelle pour ce genre de chantiers.

Par ailleurs, l’expérience démontre que plus les lots sont importants, plus les entreprises qui les décrochent sont enclines à en sous-traiter une partie, singulièrement quand ces entreprises ne sont pas actives dans l’intégralité des métiers concernés. Sous cet angle, le risque pris ici est donc considérable.

Il n’est pas acceptable que, pour un chantier largement cofinancé par Genève et ses contribuables, les retombées économiques échappent complètement à notre canton.

C’est pourquoi les députés proches de la FMB (Fédération des Métiers du Bâtiment) et de la MBG (Métallurgie du Bâtiment Genève) ont déposé ce jour une résolution pour traitement en urgence (voir ici le texte de la résolution) demandant au Conseil d’Etat d’intervenir auprès des CFF pour :

« Exiger une interruption immédiate de ces procédures et la remise en soumission sur la base de lots compatibles avec les capacités de production des PME locales, régionales et nationales, notamment par une séparation des lots par gare et par métier selon les pratiques usuelles »

Nous demandons que Genève assume la pleine responsabilité de sa co-maîtrise d’ouvrage !

Votez NON au salaire minimum!

Cette initiative, sous des dehors égalitaires, met en péril les plus bas salaires !
Visionnez la vidéo pour voir les conséquences de l’instauration en Suisse d’un SMIC à la française.

1:12 pour une vraie société à 2 vitesses !

Sympathique cette initiative 1:12 ?

L’argument est percutant:

Personne dans mon entreprise n’a le droit de gagner en un mois ce que je mets un an à gagner. Quoi de plus simple, quoi de plus logique ? …et puis on en a marre de ces rémunérations outrageuses de 72 millions !

Si le salaire le plus bas de ma société est de 4’500.-/mois, cela signifie que le salaire le plus haut est plafonné à ~650’000.-/an.

En ce qui me concerne, l’initiative me laisse une jolie marge de progression ! 😀

Mais …car il y a un « mais », si l’initiative passe, qu’adviendra-t-il dans d’autres sociétés ?

Sans aborder le problème des rémunérations excessives, qui se chiffrent parfois en dizaines de millions par année, quid des patrons ou des hauts cadres qui touchent des salaires / primes de 1, 2 ou 3 millions par an, ce qui reste relativement courant?tortue-courses-lievre

Dans les multinationales, la solution est toute trouvée : délocalisation immédiate du siège de l’entreprise à l’étranger.

Une perspective qui aura pour conséquences des pertes fiscales pour les communes de résidence des hauts cadres et un coup de frein au développement de l’entreprise sur le territoire suisse.

Oui, me répondront les partisans de l’initiative, mais il reste beaucoup de sociétés qui ne pourront pas se délocaliser car leur marché est ici. Pas faux.

 Il faudrait juste que ces doux rêveurs m’expliquent ce qu’il s’imaginent qui va se passer :

  • Si le patron gagne par ex. 1,5 millions/an, pensent-ils réellement que pour préserver son niveau de vie il va payer son technicien de surface ou la caissière de la cafétéria à plus de 10’000.-/mois ?
  • Ou alors espèrent-ils que par souci d’équité ce patron exemplaire va accepter une diminution de plus moitié de son train de vie pour ne toucher plus que 650’000.-/an ?

La nature humaine étant ce qu’elle est, je pense plutôt qu’il va réfléchir à des solutions alternatives.

On pourrait par exemple imaginer que l’ensemble des cadres supérieurs soient externalisés et deviennent des consultants.
Une autre solution plus probable : externaliser l’ensemble des emplois peu qualifiés en les confiant à des sous-traitants.

Dans certains cas, la société pourrait être scindée en deux : d’un côté une petite structure n’occupant que des cadres de haut niveau qui s’occupent de gestion et de vente et de l’autre côté une société s’occupant exclusivement de la production qui serait liée à la première par un contrat d’exclusivité à toute épreuve.

Les solutions pour contourner cette loi ridicule sont légion, et le seul effet concret de l’initiative sera d’enrichir les notaires et les avocats tout en précarisant encore un peu plus les bas salaires et les emplois peu qualifiés.

Si vous ne voulez pas d’une société à deux vitesses :

REFUSEZ CETTE INITIATIVE QUI S’ATTAQUE AUX FONDEMENTS DE NOTRE PROSPERITE

Licencier et sous-traiter

Budget: le Conseil d’Etat a eu raison!

En refusant de lancer le 3ème débat sur le budget, le Conseil d’Etat s’est donné une chance de revenir à la séance suivante avec une proposition mieux ficelée

Vendredi, le PLR et la majorité de droite du parlement, ainsi que les électeurs de droite qu’il représentent, ont envoyé un message limpide au Conseil d’Etat:

Ils ne veulent plus de budget déficitaire et ils refusent d’augmenter encore la fiscalité confiscatoire genevoise!

IMG_0211Ce message, le Conseil d’Etat a refusé de l’entendre pendant des années. Chaque fois que les députés lui ont demandé de faire des économies, sa seule réponse a consisté en d’interminables explications sur l’impossibilité de les réaliser.

Ce faisant, il ne laisse au parlement qu’un seul moyen d’action: réduire les moyens à disposition en agissant sur le budget par une coupe linéaire.

Et qu’on ne vienne pas me dire qu’en empruntant cette voie les députés refusent de choisir quelles coupes effectuer.
Comment des parlementaires de milice, qui n’y consacrent que quelques heures par semaine pourraient ils faire ce choix?

Le travail du législatif c’est de donner la direction, l’objectif à atteindre.C’est la mission du Conseil d’Etat de trouver les secteurs où les économies sont possibles, les secteurs où il y a du gras.

On nous parle de baisses de prestations, ce qui, bien sûr, n’est pas populaire. Cependant, quand on n’en n’a pas les moyens, c’est une solution qu’il faut envisager, n’importe quel entrepreneur vous le dira.

Si financer l’état social par la dette n’est pas une solution, je reconnais volontiers que la coupe linéaire n’est pas la panacée non plus. En effet en réduisant les moyens de manière générale sans distinction sur tous les postes du budget, on court le risque de les diminuer à des endroits ou ils sont déjà insuffisants.

Cette coupe linéaire, au fond personne n’en voulait. Elle est donc avant tout un moyen de pression pour obliger le Conseil d’Etat à chercher, et trouver, les moyens de répondre à la demande de ceux qui en ont marre des explications fumeuses et des manœuvres dilatoires.

Nous voulons des économies concrètes, maintenant!

En repoussant le vote definitif du budget, le Conseil d’Etat condamne Genève à fonctionner sous le régime des douzièmes provisoires pendant un mois de plus, mais il s’est aussi donné du temps pour trouver le moyen de répartir les efforts de manière plus ciblée.

Du moment que l’objectif d’un budget équilibré sans hausse de la fiscalité est atteint, je ne doute pas que la droite acceptera les propositions faites.

Je n’ai qu’un regret: qu’il faille en arriver à de telles extrémités pour faire comprendre au Conseil d’Etat un principe qui semble évident pour n’importe quel citoyen doté d’un minimum de bon sens.

On ne dépense pas plus que ce qu’on gagne!

SIG: donneur d’ordres ou concurrent ?

Big fish eats small fishReprise de CGC Energie par SIG

En décembre dernier, CGC Energie SA (anciennement CGC Dalkia), une importante entreprise genevoise, active dans le domaine du chauffage, de la ventilation et de la climatisation depuis plus de 40 ans, a vu SIG entrer dans son actionnariat.

SIG est également un des importants donneurs d’ordres de ce domaine d’activités.

Cet établissement public autonome adjuge donc des marchés aux entreprises de la place tout en leur faisant concurrence.

Ce mélange de genres m’a amené à poser la question écrite suivante au Conseil d’Etat:

Participation de SIG dans l’entreprise CGC ENERGIE SA : Quelle politique d’adjudication ?

En date du 3 décembre 2012, par publication du registre journalier de la FOSC, nous pouvions constater que l’entreprise CGC DALKIA, devenue au 21 novembre 2012 CGC ENERGIE SA (nouveaux statuts), était reprise notamment par SIG. En date du 7 décembre 2012, CGC ENERGIE SA confirmait elle-même cette information à tous ses partenaires.

L’ensemble de la corporation genevoise, regroupant les métiers de chauffage, ventilation et climatisation, s’est étonné de la participation de SIG dans le capital-actions de la société CGC ENERGIE SA.

Selon SIG, cette participation dans une entreprise privée s’inscrirait dans le cadre de CADIOM et dans la logique de la libéralisation des marchés. Cette justification est toutefois fortement discutable pour les membres de la profession et plus particulièrement pour l’AGCV-suissetec (Association genevoise de chauffage, ventilation et climatisation).

En effet, une telle prise de participation importante d’une régie publique dans une entreprise privée pose de sérieuses questions de concurrence : grâce à elle SIG bénéficie clairement d’un partenaire privilégié dans l’installation et la distribution d’énergie.

Or SIG est également un important donneur d’ordre dans le domaine du chauffage, de la ventilation et de la climatisation. Elle lance régulièrement des appels d’offres mettant en concurrence les entreprises privées de la place de Genève. CGC Energie SA vient d’ailleurs de remporter l’un de ces appels d’offres devant ses concurrents. Au travers de cette adjudication on voit clairement que SIG se retrouve juge et partie !

Dès lors on peut comprendre l’inquiétude des milieux professionnels qui se posent légitimement la  question : L’entreprise CGC Energie ne risque-elle pas de bénéficier d’informations distordant la concurrence sur des objets ou des marchés publics ?

Il est par conséquent demandé au Conseil d’Etat :

Quelle est la politique d’adjudication de SIG dans ce genre de participation et partenariat privilégié et quelles garanties peuvent être apportées afin de préserver une saine concurrence entre entreprises ?

Abonnez-vous à ce site
Pour recevoir un email lors de chaque nouvel article cliquez ici
Archives