contreprojet
Le parlement genevois vote un accord historique sur les transports !
Dans notre canton au territoire exigu, la mobilité est un enjeu majeur. Elle impacte le confort des habitants, la productivité des entreprises, le tourisme et le commerce.
D’un point de vue politique, elle se décline par une série de projets sectoriels qui tentent d’améliorer au coup par coup tantôt la sécurité des cyclistes, tantôt l’efficacité des transports publics ou encore la fluidité des déplacements automobiles. Ces projets tendent à interférer entre eux car ils ne prennent en compte qu’un seul pan de la mobilité.
Le boulevard des Acacias, la rue de Lausanne ou encore les aménagements catastrophiques de la gare Cornavin sont des exemples frappants de ce qu’on obtient lorsque l’on essaye de mettre sur chaque route un trottoir, une piste cyclable, une ligne de transports publics et une voie de circulation automobile: un blocage total!
La politique genevoise de la mobilité est surtout caractérisée , depuis plus de 20 ans, par un cruel manque de vision d’ensemble.
C’est de ce constat qu’est né le fameux « compromis sur la mobilité » ou, pour lui donner son titre exact, la « Loi pour une mobilité cohérente et équilibrée (Contreprojet à l’IN 154) » dont vous pouvez trouver le texte complet en cliquant l’image ci-contre.
Pourquoi un compromis?
Parce que chaque parti, en fonction de ses orientations, pense détenir LA solution:
- YAKA forcer tout le monde à prendre les transports publics
- YAKA empêcher les frontaliers d’entrer
- YAKA arrêter de créer des empêchements de circuler en bagnole
- FAUKON crée des pistes cyclables partout pour augmenter l’attractivité de la mobilité douce
Chacune de ces propositions comporte certains mérites mais s’inscrit dans cette logique sectorielle qui ne peut, à elle seule, résoudre le problème.
L’augmentation programmée du transport individuel motorisé condamne la bonne vieille philosophie des années 60-70 du « tout à la bagnole »: la voirie non extensible ne permet plus d’absorber l’augmentation du trafic. Les 275’000 mouvement quotidiens à travers nos frontières matin et soir sont un réel problème mais Genève a besoin des ses frontaliers et si on ne veut pas qu’ils viennent tous en voiture, il faut leur proposer des alternatives attractives.
Les transports publics et la mobilité douce représentent une partie de la solution, mais pour diverses raisons, ils ne peuvent convenir à tous.
Le contreprojet, rédigé par un groupe d’élus qui ont décidé de mettre de côté leur différences pour tenter de trouver des solutions qui prennent en compte l’ENSEMBLE des modes de transports, est un gigantesque bond en avant pour la mobilité genevoise.
Le contreprojet fait des choix:
- Il donne la priorité aux transports publics au centre, là où ils sont le plus efficace
- Il garantit l’accessibilité du transport individuel motorisé en instaurant des axes dédiés à la fluidité
- Il prend en compte les besoins du trafic professionnel
- Il redirige le trafic de transit passant par le centre en instaurant une moyenne ceinture homogène et lisible qui le contourne
- Il propose des alternatives attractives pour les frontaliers en instaurant des bus à haut niveau de service sur les axes transfrontaliers en parallèle avec la construction de P+R à la périphérie pour les inciter à abandonner leurs véhicules.
- Il garantit des itinéraires sécurisés pour la mobilité douce et les piétons
A Genève, il y a a peu près autant d’ingénieurs de la circulation que de citoyens, il va donc de soi que de nombreuses voix s’élèvent pour critiquer le projet. Chacun y va de sa vision, demandant à ajouter tel article, à supprimer ou modifier tel autre. La plupart de ces propositions ne sont pas dénuées de bon sens mais elle ne font pas l’objet d’une quelconque majorité politique et restent donc inapplicables.
La force du compromis trouvé c’est que, même si deux articles ont été modifiés, il reste à 98% conforme à ce sur quoi les partis étaient tombés d’accord.
Lors du vote, en 2016, sur l’initiative des Verts et son contreprojet, les citoyens genevois ne se tromperont pas en choisissant le premier projet cohérent de mobilité depuis des décennies par dessus une initiative sectorielle de plus qui, en améliorant les transports publics, risque d’impacter négativement tous les autres modes de déplacement.
Le MCG serait-il la nouvelle annexe de l’UDC?
Un parti comptant 20 députés au parlement genevois à la botte d’un groupe d’à peine 11 députés?
Un parti qui se dit « ni de gauche, ni de droite » inféodé à l’extrême droite?
On pourrait le croire en regard du surprenant retournement de dernière minute sur le soutien au contreprojet à l’IN 152, orchestré par Eric Stauffer à l’insu même des membres de son propre groupe qui n’en ont été avertis que jeudi en arrivant au Grand Conseil.
Surprenant quand on sait que, depuis plusieurs années, le maître absolu du MCG était pourtant un fervent partisan de la grande traversée du lac, l’une des solutions qui auraient pu ressortir de l’étude de ce contreprojet.
Surprenant également en regard des engagements pris envers, notamment, le conseiller d’état Luc Barthassat par le gourou du MCG.
Surprenant enfin, alors que le caucus du MCG avait décidé de ce même soutien le mardi précédant le vote.
Mais alors, pourquoi cette pirouette? De l’aveu même du Lider Maximo: « parce que le MCG a des intérêts stratégiques supérieurs avec l’UDC et que la décision a été prise au plus haut niveau entre les instances dirigeantes des deux partis », entendez à Berne…
C’est vrai que dans la capitale, le rapport de force est inversé avec l’UDC qui représente le plus grand parti du parlement fédéral alors que l’unique député MCG, au demeurant président de son parti, siège seul sur un strapontin, totalement à l’écart, caché derrière le Conseil Fédéral.
Serai-ce donc pour défendre l’intégration de leur conseiller national au groupe UDC, pour lui permettre d’exister un tout petit peu, que le MCG s’est plié aux ukazes de l’extrême droite populiste?
Alors, le MCG, qui avait été créé sous le sigle MBG (Mouvement Blochérien Genevois) avant de se rabattre sur son appellation actuelle suite au refus du tribun zurichois de se voir associé à eux, se préparerait-il à une « adhésion par la bande » à l’UDC?
Ce qui est sûr, c’est qu’entre Céline et Eric, celle qui porte la culotte n’est pas celui que l’on croit…
Pour économiser, parfois, il faut voir grand!
(Texte paru en page 2 de la TdG de ce jour dans la rubrique Face à Face)
L’initiative pour une traversée de la rade (IN 152) est chiffrée, selon les plus récentes estimations à 1.17 milliards.
La grande traversée, elle, coûtera 3.5 milliards, selon les estimations conjointes de l’Etat de Genève et de l’Office fédéral des routes. Ce chiffrage a également été confirmé dans la récente étude menée par les milieux économiques, la chambre de commerce et les institutions financières. Cette étude concluait à la faisabilité d’un partenariat public-privé (PPP) pour une réalisation de la grande traversée du lac avant 2030. Elle confirmait également le vif intérêt des milieux financiers et des investisseurs institutionnels pour un tel partenariat.
Donc les 3.5 milliards sont parfaitement finançables par une combinaison de PPP et de financement fédéral partiel voire total mais différé dans le temps. Le cas échéant, une raisonnable participation cantonale reste envisageable si l’on fixe un horizon de réalisation plus pragmatique que 2020.
De l’autre côté il y le petite traversée de la rade selon l’initiative UDC, c’est à dire 1.17 milliards à trouver et dépenser avant 2020! Pour le financement, il y a…nous! Toute manne fédérale est à exclure pour un projet strictement cantonal. Un partenariat public privé? Rien n’est moins sûr : l’envergure du projet n’est tout simplement pas de nature à intéresser les investisseurs de la même manière que la grande traversée.
Donc c’est au contribuable genevois d’assumer l’entier de cet investissement pharaonique! Et ce, dans un canton où la dette par habitant est plus élevée que celle de la ville de Detroit qui a fait faillite!
Heureusement le mécanisme de frein à l’endettement voté en 2006 empêchera toute velléité de surendettement inconsidéré.
Malheureusement pour l’IN 152, la seule source de financement restante est donc une hausse d’impôts ou une économie de prestations sociales de l’Etat de 1.17 milliards jusqu’en 2020. Bonne chance avec cela!
Quant aux bénéfices fonctionnels des deux projets, la comparaison est évidente :
Le tunnel sous la rade de l’UDC décharge le U lacustre entre l’avenue de France et le Port Noir. Hormis cela, il n’a que peu d’influence sur d’autres axes, il ne décharge que marginalement l’autoroute de contournement et crée des bouchons à toutes ses issues, qui sont situées sur des axes déjà largement saturés, comme l’avenue de France et la route de Malagnou.
La traversée du lac, en revanche, boucle le contournement de Genève, décharge l’autoroute existante de manière significative, ainsi que le U lacustre. En dotant Genève d’un vrai périphérique elle permet par ailleurs de décharger globalement les routes incluses dans son périmètre car les automobilistes disposeront d’une autre option que de traverser le centre.
Pour économiser, parfois, il faut voir grand!
Pour une vision d’ensemble de la problématique, n’hésitez pas à lire l’excellente analyse d’Olivier Francey dans le journal « Le Temps » (cliquez sur l’article pour l’agrandir)
Initiative 152 de l’UDC, et si on traversait … le LAC ?
Oui, oui, j’ai bien dit le Lac, pas la Rade!
L’initiative 152 de l’UDC, actuellement en traitement par la Grand-Conseil, demande la réalisation d’une « Traversée de la Rade » entre l’avenue de France et le Port-Noir. En l’état, au vu des rapports de force aussi bien au Grand Conseil que dans la population, elle a de fortes chances de passer…
Le hic, c’est que cette traversée de la Rade, basée sur une préétude de 2004 qui, elle-même, s’appuie sur des chiffres et projections réalisées en l’an 2000, est complètement dépassée! Les projections de trafic pour l’an 2020 de l’époque ont par exemple été atteintes en 2012 déjà.
C’est la raison pour laquelle, dès 2007, tous les efforts se sont concentrés sur une « Traversée du Lac » autoroutière, avec raccordement aux réseaux Suisses et Français.
L’animation ci-contre met bien en évidence les effets comparés sur le trafic des deux projets à l’horizon 2030.
On peut notamment constater que la traversée de la Rade déchargera uniquement le « U » lacustre et que la plupart des routes en amont de celle-ci seront encore plus saturées qu’avant. En outre, la diminution de trafic sur l’autoroute de contournement n’est que marginale.
La traversée du Lac en revanche, en créant un véritable bouclage du contournement autoroutier, permettra de décharger de nombreuses routes situées à l’intérieur de son périmètre et permettra même de diminuer considérablement le trafic sur l’actuel contournement.
Pour un comparatif des deux projets et un agrandissement de l’animation ci-dessus cliquez sur l’image
Le problème avec la traversée du Lac c’est que, vu qu’il s’agit d’une route nationale, le financement est fédéral et qu’actuellement, le dossier est embourbé à Berne.
Alors, cette initiative de l’UDC, un coup d’épée dans l’eau? Ce qui est sûr, c’est que son coût, projeté à plus de 1.17 milliards, grèvera lourdement le budget de l’Etat de Genève pour des effets concentrés uniquement sur l’hypercentre.
La solution? Le Grand Conseil a la possibilité de proposer un contreprojet.
Alors pourquoi ne pas réaliser nous même cette Traversée du Lac que Berne refuse de nous payer?
Tant qu’à dépenser des sommes pharaoniques, pourquoi ne pas le faire pour un projet qui représenterait réellement une plus value durable pour Genève? Et ce d’autant plus que, pour financer la Traversée du Lac, un partenariat public-privé est parfaitement envisageable selon une étude récente réalisée par les milieux économiques.