Le blog de Daniel Zaugg

Le projet de loi que Grand Conseil ne traitera pas ce soir…

Au premier point de l’ordre du jour normal (hors urgences), figure un important projet de loi (le PL 10997) qui définit des lignes directrices pour l’organisation des départements de l’administration publique.

Depuis de nombreuses années, il est devenu presque coutumier de chambouler l’organigramme au début de chaque nouvelle législature. Coûts inutiles, transparence réduite, cohérence douteuse, tels sont les désavantages de cette pratique bien genevoise.

Monopoly-smallJusqu’à maintenant les départements étaient réorganisés au gré des préférences des nouveaux élus suite à d’obscures tractations entre eux. On ne peut pas dire que ces réorganisations correspondent à une quelconque logique, on se croirait plutôt dans une partie de Monopoly !

Pour s’en convaincre, un petit florilège des derniers changements :

Le département de justice et police était aussi celui des transports dans les années 1990, avant d’en être amputé, de devenir le département des « institutions » puis de redevenir le département de la sécurité mais aussi de… l’environnement qui est récemment repassé à la mobilité.
Le département des affaires sociales et de la santé en 1993 a perdu la santé en 2005 pour recevoir l’emploi, la santé ayant été transférée au département de… l’économie. Quant à l’aménagement et aux constructions, depuis 1993, ils ont un temps été réunis, pour être séparés, puis réunis à nouveau au sein du même département, en 2009.

En résumé, on l’aura compris, l’organisation de l’administration en départements est du seul ressort du Conseil d’Etat, qui fait un usage intensif de cette prérogative, certes traditionnelle d’un exécutif. Pour le parlement comme pour le citoyen lambda, il est quasi impossible de comprendre les motifs objectifs – lorsqu’il y en a – qui justifient ces bouleversements.

Le projet de loi dont il est question se propose de mettre fin à ces pratiques en fixant dans la loi les principes directeurs devant fonder l’organisation de l’Etat.
Il s’inscrit dans la droite ligne de la nouvelle Constitution qui détermine que toute modification de l’organisation des départements doit être soumise au parlement cantonal pour approbation.

Cette disposition constitutionnelle, qui est certes un pas en avant puisqu’elle permet au Grand Conseil de refuser une réorganisation par trop fantaisiste, ne va cependant pas assez loin : il ne suffit pas de sanctionner les dérives, il vaut mieux fixer une direction au départ !

Malheureusement, période électorale oblige, le parlement croule sous des projets, motions ou résolutions « urgentes » qui n’ont souvent d’urgent que le désir de faire parler de soi de leurs auteurs.

Résultat : le premier point de l’ordre du jour, pourtant si important à la veille de la prochaine réorganisation, ne sera, selon toute vraisemblance, pas abordé ce soir !

Dommage pour Genève !

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